Quelle que soit son époque ou son origine, le verre peut présenter un panel de dégradations allant d’une simple ébréchure à sa désintégration totale, dépendant de sa composition intrinsèque, au milieu dans lequel il a séjourné (s’il s’agit d’un verre archéologique) et aux conditions climatiques de son lieu de conservation.

Mon rôle de conservatrice-restauratrice est d’identifier ces problèmes, puis, en accord avec le propriétaire et les codes déontologiques de la profession, de proposer les traitements adéquats garantissant une conservation optimale de ce précieux patrimoine.

Le traitement des encrassements commence par un nettoyage. Parfois un simple lavage à l’eau tiède suffit. Pour des verres plus fragiles on préférera travailler au coton-badigeon trempé dans un mélange d’eau déminéralisée et d’éthanol. Les concrétions indésirables seront éliminées très délicatement au scalpel sous binoculaire.

Fragment de vitrail trouvé en fouille avant nettoyage (Photo: F.Lagger)
Fragment de vitrail trouvé en fouille après nettoyage (Photo: F.Lagger)

Une consolidation des feuillets irisés peut s’avérer nécessaire, surtout dans le cas de verres archéologiques. Celle-ci s’effectue avec une résine acrylique diluée appliquée au pinceau, ou par trempage dans un bain de cette même résine.

Gobelet à pastilles médiéval à sa sortie de fouille (Photo: F.Lagger)
Gobelet à pastilles après imprégnation des fragments (Photo: F.Lagger)
Gobelet à pastilles après conservation-restauration (Photo: C.Zaugg)

Les objets présentant des cassures seront recollés à l’aide d’adhésifs non jaunissants à l’indice de réfraction proche de celui du verre. Ceci permet de rendre les cassures peu visibles. Pour les verres fragiles où la transparence n’est pas un critère (verres archéologiques par exemple), on préférera utiliser une résine acrylique facilement réversible.

Cruche à bec verseur de l’époque romaine, prélevé en bloc (Photo: F.Lagger)
Cruche pendant remontage (Photo: H.Vigneau)
Cruche à bec verseur après remontage (Photo: C.Zaugg)

Il se peut qu’une pièce doive être dé-restaurée (lorsque les colles utilisées ont jauni par exemple). L’ensemble sera soigneusement démonté, puis re-restauré de manière adéquate. Les manques peuvent être comblés à l’aide d’une résine non jaunissante et transparente (colorée au besoin au plus près de la couleur d’origine du verre).

Gobelet campaniforme du Haut Moyen-Age, avant dé-restauration (Photo: F.Lagger)
Gobelet campaniforme, après démontage et nettoyage des fragments (Photo: F.Lagger)
Gobelet campaniforme, après nouveau traitement de restauration (Photo: F.Lagger)